Towards London 1 / Vers Londres 1: Jacques-Alain Miller « Transfert, répétition et réel sexuel. Une lecture du Séminaire XI »
Towards London 1 / Vers Londres 1
Jacques-Alain Miller, « Transfert, répétition et réel sexuel. Une lecture du Séminaire XI , ‘Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse’»
Nous entamons la diffusion de « textes préparatoires » au Congrès de Londres avec un texte de Jacques-Alain Miller à propos du Séminaire XI. Ce Séminaire occupe une place particulièredans l’enseignement de Lacan, il constitue un moment de cassure, dont J.-A. Miller a déplié à diverses reprises les coordonnées et les enjeux. Nous avons retenu ici une leçon du cours de l’année 1994-1995 (« Silet »), où il montre de façon lumineuse comment Lacan rapporte les quatre concepts fondamentaux – l’inconscient, la répétition, le transfert et la pulsion – à une structure commune et ce faisant, « verse les concepts freudiens dans des mathèmes inédits jusqu’alors ». La série freudienne des quatre concepts « aboutit à une présentation de la psychanalyse à partir de la relation entre le sujet de l’inconscient et l’objet a » ; ainsi, « ce que commente ce Séminaire XI, c’est l’antinomie du sujet et de la jouissance. »
Le Séminaire XI, où Lacan interroge « ce qui fonde la psychanalyse comme praxis », est une référence majeure dans notre travail de préparation au Congrès ; nous l’avons mis à l’étude dans plusieurs Sociétés et Groupes de la NLS. Nous sommes donc particulièrement heureux de pouvoir diffuser ce texte et de le traduire en anglais, et nous remercions vivement Jacques-Alain Miller de son autorisation.
Anne Lysy
Note : Le texte, inédit en français, a été établi puis traduit en néerlandais pour le numéro 4 de iNWiT, revue de la NLS publiée par le Kring en mai 2008.
The English translation of this text will be sent on NLS-Messager in about 10 days time. La traduction en anglais sera diffusée par NLS-Messager dans une dizaine de jours.
Transfert, répétition et réel sexuel
Une lecture du Séminaire XI,
« Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse »[1]
Jacques-Alain Miller
Réordonnancement des concepts freudiens
Je vous ai figuré la dernière fois les modes de jouissance, avec l'amusement que cette figuration comporte. II s'agit aujourd'hui de situer ce qui fonde cette figuration et qui est, pour le dire d’une façon ramassée, la conjonction du mode de jouissance et de la répétition. Pour réaborder cette question, non pas au niveau des figures, mais des concepts, je propose de partir de la série des quatre concepts fondamentaux que Lacan a énoncée dans son Séminaire XI, séminaire où il se proposait de résumer l’acquis des dix premières années de son enseignement afin d'ouvrir à la suite[2] . Ces quatre concepts fondamentaux sont une sélection que Lacan a opérée sur l'oeuvre freudienne et sont tous les quatre des concepts énoncés par Freud. Les a-t-il sélectionnés pour les maintenir? Ma réponse est négative. Il les a énoncés - c'est ainsi que je le conçois aujourd'hui – afin de démontrer qu’une même structure y est à l’œuvre, ce qui le conduit, sinon à les abandonner, du moins à les surclasser par le fait de les rapporter à une structure qui leur est commune. Cette série est la suivante: l'inconscient, la répétition, le transfert, la pulsion. Cette sélection opérée par Lacan sur l’oeuvre de Freud, a pour but de réduire la conceptualisation freudienne à la sienne. C'est ce que je vais m'efforcer de montrer aujourd'hui.
Cette sélection, réduite à quatre termes, met premièrement en valeur une disjonction apportée comme nouvelle et explicitée en tant que telle, à savoir la disjonction de la répétition et du transfert. C'est ainsi que Lacan peut énoncer, semble-t-il sans ambiguïté : « Je dis que le concept de répétition n'a rien à faire avec celui de transfert »[3] . En dépit de ce qu'il réévoque des affinités du transfert et de la répétition dans l'oeuvre de Freud et dans l'expérience analytique, en dépit de tout ce qui fait la relation des phénomènes du transfert avec ceux de la répétition, il énonce une disjonction radicale de ces deux concepts - disjonction ouvrant à la définition du transfert à partir du sujet supposé savoir, qui se trouve absente de toute définition de la répétition.
La formule que je vous ai donnée figure dans la partie du Séminaire XI qui concerne la répétition, et, dans la partie qui concerne letransfert, elle est en quelque sorte répétée : « le transfert, comme mode opératoire [il faut entendre ici mode opératoire dans la relation analytique], ne saurait se suffire de se confondre avec l'efficace de la répétition (…) »[4] . Lacan tranche là avec ce qui dans la littérature analytique conduit à rapporter le transfert à la répétition.Nous avons donc une première disjonction, explicite et nouvelle, entre transfert et répétition.
Mais une seconde disjonction est à l'oeuvre dans cette sélection : la disjonction entre répétition et pulsion. Cette seconde disjonction est, elle, destinée dans l’enseignement de Lacan à se refermer, puisque le progrès de cet enseignement conduira au contraire à identifier toujours davantage répétition et pulsion.
Voilà donc, aujourd'hui, mon point de départ, à savoir cette double disjonction: répétition et transfert, répétition et pulsion - la première se creusant toujours davantage, et la seconde vouée à se refermer, comme en deux destins opposés. Là, il n'est pas question de figures mais de concepts. C'est plus austère que la dernière fois. Essayons pourtant de cerner la différence qui est établie par Lacan entre répétition et transfert, et ce par rapport à l'inconscient.
Disjonction entre répétition et transfert
Pour simplifier cette disjonction, je dirai que Lacan a situé d'emblée la répétition du côté du symbolique, le transfert du côté de l'imaginaire, et que, dans sa série des quatre concepts, il n'a fait, en premier abord, que rendre explicite cette opposition.
Le transfert comme fermeture de l’inconscient
Considérons d'abord le transfert. Le point de départ que choisit Lacan dans ce Séminaire XI, c'est de situer le transfert comme résistance. C'est ce qu'il formule explicitement, page 119, quand il fait du transfert « le moyen par où s'interrompt la communication de l'inconscient, par où l'inconscient se referme. » C'est dire qu'il nous invite à considérer le transfert comme un mode de résistance à l'inconscient, et donc à établir une forme de disjonction entre le transfert et l’inconscient - la double barre étant ce par quoi j'exprime cette opposition en quelque sorte dynamique entre ces deux concepts:
transfert / / inconscient
Cette définition du transfert comme résistance à l'inconscient n’est pensable qu'à la condition de définir l'inconscient à partir d'une possibilité de fermeture. Et c'est ce qui anime ce séminaire : la tentative de cerner l'inconscient dans une structure temporelle qui est de battement entre ouverture et fermeture. Cela est posé d’emblée dans la définition du premier de ces quatre concepts, l’inconscient - cette définition d'ouverture et de fermeture étant justement faite pour donner lieu à la définition des trois autres.
Par rapport à cette structure temporelle binaire, letransfert est situé du côté de la fermeture. I1 y a là une sorte de paradoxe, que Lacan mentionne, dans la mesure où ce transfert était classiquement assigné à la possibilité même de l'interprétation de l'inconscient. Néanmoins, Lacan, dans ce Séminaire XI visant les concepts fondamentaux de la psychanalyse, assigne le transfert du côté de la fermeture de l'inconscient.
Cela ne fait qu’expliciter les présupposés, les origines de son enseignement, où le transfert, loin d’être considéré comme un mode d'accès à l'inconscient, a toujours été situé comme une fermeture. Pour s'en convaincre, il suffit de se référer à ce qui précède son manifeste de « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse »[5] , à savoir son texte « Intervention sur le transfert »[6] qui s'efforce de tirer la leçon des avatars du cas Dora chez Freud.
Dialectique symbolique et stagnation imaginaire
Ce texte - reprise écrite d’une contribution ex tempore - met tout l'accent sur la dialectique symbolique de ce cas d'hystérie. C'est seulement à la fin que Lacan pose la question de savoir ce qu'est ce transfert. Il y répond en situant le transfert par rapport à la dialectique du cas, et comme un moment de stase, un moment d'immobilisation de cette dialectique: « (…) même quand [le transfert] se trahit sous un aspect d’émoi [c'est à dire sous un aspect d’affect], celui-ci ne prend son sens qu’en fonction du moment dialectique où il se produit. »[7]
C’est dire que d'emblée, au départ de son enseignement, et même en deçà de ce départ, à son origine, il situe le transfert au regard de la dialectique symbolique et comme un moment de stagnation de celle-ci. C’est la définition du transfert qu’il donne alors: « l’apparition, dans un moment de stagnation de la dialectique analytique, des modes permanents selon lesquels [le sujet] constitue ses objets ». [8] C'est dire que d'emblée il situe le transfert comme en opposition à la dynamique dialectique qui est essentiellement mobile, et comme l'apparition, dans l'expérience, d'une permanence qui relève de laconstitution subjective de l'objet.
Ce que d'emblée il a situé comme stagnation de la dialectique symbolique, c'est ce qui se retrouve dans ce Séminaire XI sous les espèces d’une fermeture de l'inconscient. C'est dire que d'emblée le transfert a été situé par lui dans le registre imaginaire, dans le registre où l’objet est corrélatif du moi, sur la diagonale du carré de l'analyse qu'il explicitera un peu plus tard. Par là, il lie le transfert à la libido relative à la relation du narcissisme du moi et de la relation d'objet. C'est ce qui d'ailleurs le conduit, au départ de son enseignement, à accepter le concept du contre-transfert, dans la mesure où ce contre-transfert renvoie aux inerties du moi de l’analyste.
Parler de stagnation concernant le transfert, c'est le rapporter à la dynamique de la dialectique symbolique qui à la fois lui donne son sens et est capable de le surmonter. On peut donc dire qu'une des conséquences de la disjonction entre l'imaginaire et le symbolique, où Lacan reconnait lui- même le point de départ de son enseignement proprement dit, assigne le transfert à l'imaginaire.
La « mise en acte de la réalité de l’inconscient »
Dans son Séminaire XI, où il énumère cette séquence de quatre, c'est ce qu'il reprend d'un côté, puisqu'il situe le transfert comme fermeture de l’inconscient, c'est-à-dire comme une réécriture de la stagnation de la dialectique. Mais en même temps, quelque chose ici change, et ce dans la mesure où Lacan définit cette fois le transfert par « la mise en acte de la réalité de l’inconscient. »[9] . Que veut dire cette formule – sinon que la stagnation transférentielle ne ressortit pas de l'imaginaire mais de la réalité de l'inconscient. Là, le terme de réalité est fait pour s'opposer au terme d’imaginaire, est fait pour marquer que le transfert n'est pas de l'ordre de cet illusoire imaginaire. Le terme de réalité est fait pour s'opposer à l'imaginaire, et ce qui le leste, c'est le vocable de sexuel. Le sexuel, tel que Lacan le construit dans son Séminaire XI, n'est pas de l'ordre imaginaire.
Si néanmoins le transfert comme mise en acte de la réalité de l'inconscient constitue une fermeture de l'inconscient, alors ilfaut supposer - et c'est ce que Lacan développe dans ce Séminaire - qu'il y a une antinomie entre l'inconscient et sa réalité sexuelle. C'est en tout cas ce que je propose pour lire ce Séminaire XI: il y a à la fois une antinomie entre l'inconscient et sa réalité sexuelle et la nécessité d'un concept médiateurentre ces deux termes.
Ce concept médiateur, pour le dire en termes freudiens, c'est la libido, libido que Lacan s'efforce de situer à la jonction de l'inconscient et de sa réalité sexuelle. Au fond, il y a constamment, chez Lacan, la nécessité d'un tel concept médiateur. Il le trouve chez Freud sous les espèces de la libido et il le reprend sous les espèces du désir. Avec le concept du désir, il traduit le concept freudien de libido comme étant à la jonction de l’inconscient et de la réalité sexuelle. D'un côté, il montre le désir lié au champ de la demande, lié au signifiant – là peuvent se présentifier toutes les syncopes de l'inconscient -, et, d'un autre côté, il montre le désir joint à la réalité sexuelle. C'est ainsi qu'apparait le désir dans cette série de quatre concepts : non pas au premier plan mais au second, et comme un concept médiateur, un concept qui permet de joindre 1’inconscient et la réalité sexuelle.
La répétition et l’ouverture de l’inconscient
Après avoir situé de façon esquissée le concept du transfert, venons-au concept de la répétition. Le concept de la répétition, dans ce Séminaire XI, apparait lié d’une façon essentielle à l’ouverture de l'inconscient et non pas à sa fermeture comme c’est le cas pour le transfert. C'est au point que Lacan peut dire que « la constitution même du champ de l'inconscient s'assure du Wiederkehr »[10] , c'est-à-dire du retour. Lacan dit que ce qui fait preuve de l'inconscient, c'est le retour des mêmes signifiants. Dès lors, on s'assure de la présence et de l'efficace de l'inconscient dans la répétition, dans l'effet de répétition. La répétition apparaît située du côté de l’ouverture de l'inconscient, alors que le transfert apparait situé du côté de sa fermeture.
Dans l'enseignement de Lacan, la réflexion sur l’automatisme de répétition a une place essentielle concernant la définition même de l'inconscient - ce qui n'est pas le cas du transfert. On peut dire que la répétition est au principe de la définition lacanienne de l'inconscient. L’inconscient structuré comme un langage veut dire - je vous renvoie à la page 24 du Séminaire XI - que la structure linguistique « donne son statut à l'inconscient », dans la mesure où cette structure permet de situer et de penser l' opération autonome du jeu combinatoire des signifiants, et ce, comme le dit Lacan, d'une façon pré-subjective. En ce sens, la répétition des mêmes signifiants précède le sujet. C'est ce qui fait du langage, et de la répétition comme répétition des mêmes signifiants, la condition même du sujet de l'inconscient.
Certes, dans le Séminaire XI, Lacan prend soin de distinguer le sujet de l'inconscient et la répétition - le sujet se manifestant comme un achoppement, une défaillance, une fêlure, une discontinuité, une vacillation dans cette répétition. Pour qu'il se manifeste, il est nécessaire qu'il y ait d'abord la répétition. Cela ramèneaussi bien aux origines de l'enseignement de Lacan. On trouve, dans « Le séminaire sur ‘La lettre volée’ »[11] , la répétition mise en valeur comme répétition intersubjective. On voit les sujets être déterminés par la répétition, le déplacement des signifiants. La démonstration vise à constituer la répétition dans l'ordre symbolique, par opposition au transfert qui est de l'ordre de l’imaginaire.
Dans la construction de son « Séminaire sur ‘La lettre volée’ », Lacan démontre ce qui est la syntaxe signifiante de la répétition: la répétition est de part en part symbolique. Quand il se rapporte explicitement à l’automatisme de répétition, c'est pour marquer que cet automatisme est à proprement parler la valeur de la mémoire freudienne, la valeur de cette remémoration est seulement concevable dans l'ordre symbolique, c'est-à-dire chargée de toute l'histoire du sujet. Et c'est en rapport à cette répétition symbolique qu'il situe le désir freudien comme indestructible, comme situé dans la chaîne symbolique qui a ses exigences propres. On peut dire qu'aux origines de son enseignement, Lacan fait de l’inconscient seulement une phrase répétitive qui obéit aux lois de la détermination symbolique.
Là nous avons une opposition frontale entre répétition et transfert: le transfert étant d'ordre imaginaire, étant stagnation libidinale, et l’inconscient étant chaîne symbolique qui se répète selon l’exigence de sa syntaxe. Nous en avons l'écho dans le Séminaire X1 qui tire les leçons des dix premières années de l'enseignement de Lacan.
La répétition etl’objet perdu
Néanmoins, Lacan n'a jamais manqué de souligner le lien de la répétition à l’objet comme objet perdu Cette référence accompagne toutes ses définitions du concept de la répétition. Il n'a pas cessé de situer la répétition comme un effort pour retrouver l'objet foncièrement perdu. Il n’a pas cessé de mettre à l’origine de la répétition symbolique la perte de l’objet. On peut dire que c’est d’une réflexion sur ce qui est la perte de l'objet que sont venus les remaniements de son enseignement.
L’objet perdu est au départ pensable à partir du binaire fondamental du signifiant, dont un des exemples majeurs est donné par l'épisode du Fort- Da, dans la jaculation signifiante qui accompagne la présence et l'absence, l’apparition et la disparition de l'objet. En un sens, et c'est le premier que distingue Lacan, cette historiette montre l'objet naturel annulé par le signifiant et de ce fait purement et simplement asservi au symbole. C’est en ce sens que Lacan peut développer le caractère symbolique de la répétition. Le signifiant annule ce qu'est l'objet, la satisfaction qu'il peut donner, et remplace cette satisfaction par la répétition signifiante. On a, comme condition de la répétition, un zéro - le zéro de la satisfaction naturelle que pourrait donner l’objet. C'est ce que Lacan appelle, au début de son enseignement, le point zéro du désir.
C'est là le thème central des remaniements qu'il apportera à ce concept de la répétition. En effet, le Séminaire X1 ne se contente pas d'exposer le concept de la répétition, mais introduit précisément un clivage de la répétition. Au fond, dans le Séminaire X1, Lacan montre qu'il y a répétition et répétition. Pour cela il a recours à la différence entre automaton et tuchè chez Aristote. S'il utilise cette référence, c’est pour introduire un clivage dans la répétition, c'est-à-dire pour réduire ce qu'il appelait jusqu’alors répétition à n'être qu'automaton, retour, insistance des signes.
Transformation du concept de répétition
Jusqu'au Séminaire X1, il pouvait sembler que la répétition voulait dire purement et simplement la rature de l'objet, et quetout ce qui était d'ordre naturel, réel, donné au départ, était passé au symbolique, sans reste. Mais ce que signale le Séminaire X1, c’est que la relation de la répétition à l'objet n'est pas de simple annulation. Si l’objet est annulé, raturé, il reste que la répétition continue de le viser et que, le visant, elle le rate. De ce fait, on peut dire que cette répétition va à la rencontre d'un réel qu'elle rate.
C’est là une transformation profonde du concept de répétition que Lacan illustre en se référant au concept du traumatisme chez Freud, et en en faisant le concept freudien de l’inassimilable au signifiant. C'est là le moteur de la répétition dans le Séminaire X1: la répétition, toute symbolique qu’elle soit, apparaît déterminée par le traumatisme comme réel. Cela modifie de fond en comble le concept de répétition. La répétition comme automatisme est dès lors restituée comme évitement, en même temps qu’appel, d’une rencontre avec le réel initial, celui du traumatisme.
Conjonction de la répétition et du transfert : le réel sexuel
Ce réel initial – pour lequel Lacan se repère sur le traumatisme au sens de Freud - apparaît au niveau du sexuel. C’est ce vocable de sexuel qui, en définitive, fait la jonction avec le concept du transfert. A l’intérieur même de la disjonction entre répétition et transfert, entre fonction symbolique et stagnation imaginaire, il y a un élément commun qui est ce rapport au réel sexuel.
La disjonction de la répétition et du transfert n’est donc pas le fin mot du Séminaire XI. Au contraire, cette disjonction n’est faite que pour souligner ce qu’il y a de commun entre répétition et transfert. C’est pourquoi Lacan peut dire du transfert qu’il y a en lui une relation au réel et non pas seulement à l’illusion. C'est ce qu'il formule à la va-vite, en disant que « cette ambiguïté de la relation en cause dans le transfert, nous ne pouvons arriver à la démêler qu'à partir de la fonction du réel dans la répétition »[12] .
Sans doute, dans le transfert, les choses ne sont pas claires. Dans le transfert un élément illusoire se mêle au réel, mais Lacan nous invite à penser ce dont il s’agit dans le transfert à partir de la répétition en tant qu'elle a affaire au réel. Dans ce Séminaire XI, la répétition n’est pas seulement répétition automatique des signifiants. C'est une répétition qui a valeur d'évitement du réel comme sexuel.
Au regard de la répétition ainsi définie, le transfert est alors mise en acte de la réalité sexuelle, de telle sorte qu'il apparaît alors comme la tuché de la répétition. Ce que la répétition est vouée à rater sempiternellement se trouverait être mis en acte dans le transfert.
La disjonction de la répétition et du transfert dissimule alors une conjonction plus secrète. En effet, la répétition, c'est la déception continuée de la rencontre avec l’objet a, tandis que le transfert présentifie cet objet a. Et donc, en dessous de la disjonction des deux concepts freudiens de la répétition et du transfert, Lacan découvre une conjonction plus secrète, à savoir que ces deux concepts s'articulent à l’objet: la répétition comme le ratant - elle ne le rate que parce qu'elle le vise -, et le transfert comme le présentifiant.
C'est là donner une tout autre valeur à ce que Lacan percevait auparavant comme la stagnation imaginaire. Ce qu'il appelait stagnation imaginaire se découvre comme permanence du réel, à la même place, en dépit de la dynamique dialectique du signifiant. Disons que cette translation traduit le passage de la jouissance de l'imaginaire au réel. C'est de cela dont il est question dans le Séminaire XI.
Certes, Lacan se garde de prononcer ce terme de jouissance quand il parle de la répétition. Néanmoins, quand il évoque le réel à quoi s'accorde la répétition pour le rater, c'est-à-dire le réel traumatique, leterme qu'il garde en réserve est en fait celui de jouissance. Cela se découvre lorsqu'il peut parler de l’épisode du Fort-Da où le signifiant semble annuler l’objet, comme d'une « automutilation à partir de quoi l'ordre de la signifiance va se mettre en perspective »[13] .
Avec ce terme d’automutilation, il indique le schéma qui est pour lui impliqué du rapport de la répétition et du transfert. La répétition, comme automatisme, est équivalente à une chaîne signifiante, qui à la fois élude et désigne la place centrale du réel que le transfert met en acte:
Ce schéma où je corrèle la répétition et le transfert, est le schéma même de la pulsion que Lacan propose à la fin des Quatre concepts fondamentaux. On peut dire qu'ilest ce à quoi tend l’ensemble de ce Séminaire.
Certes, ce Séminaire XI ne déploie pas le concept de la jouissance. Ce qui vient à la place, c'est le concept du sexuel. La répétition apparaît comme la fonction symbolique qui évite la mauvaise rencontre avec le sexuel. Elle se poursuit avec son automatisme sans jamais le rencontrer. Letransfert, au contraire, est comme la présentification en court-circuit de cette réalité sexuelle. Et la pulsion apparaît comme l’articulation de la répétition et du transfert, c'est -à-dire comme une répétition signifiante dont le produit est une jouissance
Le sujet de l’inconscient et la jouissance
Cette série de quatre concepts, que Lacan présente d'une façon alignée - chacun de ces concepts étant différent de l'autre -, est faite en définitive pour se nouer sur le même schéma. Et le schéma qui les noue est apte à traduire le concept de l'inconscient en tant qu'il est animé par unepulsation liée à la réalité sexuelle. L'inconscient apparait comme divisé entre l'automatisme de répétition et la présentification de la réalité sexuelle - ce que résume cette traduction de Lacan comme étant en définitive la relation du sujet avec l'objet: ($ <> a), relation du sujet de l’inconscient avec la jouissance présente dans la réalité sexuelle.
Si on lit Les quatre concepts fondamentaux, on s'aperçoit que cette série freudienne des quatre concepts est faite pour aboutir en définitive au schéma de l’aliénation et de la séparation ; c'est-à-dire à une présentation de la psychanalyse à partir de la relation entre le sujet de l’inconscient et l'objet a. La démonstration à l’oeuvre dans ce Séminaire, c’est la démonstration de la similarité de structure entre les différents concepts freudiens. Ces quatre concepts de Freud, on peut en rendre compte par le rapport d'ouverture et de fermeture, d'aliénation et de séparation, entre le sujet et l'objet. C'est pourquoi Lacan peut dire que la place du réel va dutrauma au fantasme, que le fantasme est l'écran qui dissimule ce qui est déterminant dans la fonction de la répétition, et qu'i1 peut donc élaborer, à la place de ces quatre concepts, l'objet de la psychanalyse.
Ce qui s'accomplit dans le Séminaire XI, c'est la démonstration que les quatre concepts princeps de Freud sont susceptibles de se réduire à un schématisme unique, et que ce schématisme repose sur la conjonction et la disjonction du sujet de l'inconscient et de l'objet a. C'est en quoi, à partir de ce séminaire, Lacan ne prendra plus pour thème les concepts freudiens. Pendant les dix premières années de son enseignement, c'est ce qu'il a fait. Chacun de ses séminaires se centre sur un grand texte de Freud. Mais à partir de ce Séminaire XI, de ce résumé structural qu'il apporte, Lacan n'aura plus cette référence privilégiée à un texte de Freud. Il aura au contraire démontré de quelle façon il verse les concepts freudiens dans des mathèmes inédits jusqu’alors
Ce que commente ce Séminaire XI, c’est l’antinomie du sujet et de la jouissance. L’inconscient, lui, est centré sur le sujet comme sujet barré, c'est-à-dire comme ce qui appelle un complément d’être. Définir l’inconscient comme sujet barré, c’est dire qu’il appelle un complément d’être. La répétition, elle, est avant tout amenée comme clivage de automaton et tuché, c'est-à-dire comme clivage du signifiant et du réel. Le transfert est conçucomme court-circuit qui donne accès à la réalité sexuelle. Et quant à la pulsion, elle témoigne du forçage du principe de plaisir, et du fait qu'il y une jouissance au-delà de ce principe.
Trois écritures de la libido
Lacan nous a donné successivement trois réécritures distinctes du concept freudien de la libido. Premièrement – et cela a été pour lui un véritable obstacle épistémologique - il a situé la libido dans le registre de l'imaginaire. Il a situé la libido à partir de la réversibilité entre le narcissisme et la relation d’objet. Et c'est pourquoi il a vu avant tout cette libido sous les espèces de la stagnation par rapport à la dialectique symbolique.
Deuxièmement, il a tenté de situer la libido comme concept freudien dans le registre du symbolique. Il en a fait alors le désir. La théorie du désir chez Lacan, c'est la réécriture du concept freudien de libido en fonction du registre du symbolique. Et cela conduit à l'équivalence du désir et du sens, exactement du sens métonymique. Le désir est conçu comme le sens courant sous l'articulation signifiante sans jamais paraître en tant que tel : (-) s.
Enfin, troisièmement, il a donné une réécriture de la libido en tant que jouissance qui est du registre du réel.
On peut remarquer que dans ces trois avatars de la libido, Lacan n'a jamais manqué de préserver la liaison de la libido avec l'instinct ou la pulsion de mort. Premièrement, quand il fait de la libido un terme du registre imaginaire, il ne manque pas de souligner ce qui s’attache d’agressivité à l’objet libidinal. L’intention agressive qu'il souligne est pour lui la marque de l'instinct de mort, par exemple dans l’objet du stade du miroir.
Deuxièmement, quand il fait de la libido le désir dans le registre symbolique, il souligne l'annulation de l’objet par le signifiant, et il considère que par là le mort entre dans la vie par l'opération du signifiant. II y voit encore la raison de la pulsion de mort.
Troisièmement, quand c'est dans le registre du réel qu'il rend compte de la libido freudienne, il souligne que la jouissance va contre le principe du plaisir, qui est principe de survie, de telle sorte que la jouissance va, elle, dans le sens de la mort et de la destruction. C'est pourquoi il privilégie ce que j'ai rappelé la dernière fois, à savoir l'introduction sadienne de la jouissance.
Conjonction de la répétition et de la pulsion : le Séminaire XVII
Voilà une cartographie que nous propose ce que nous appelons l'enseignement de Lacan quant à la jouissance. II est certain que Lacan a abordé les rapports du signifiant et de la jouissance de beaucoup de façons avant de les dégager en toute clarté. Par exemple, la seconde partie de sa « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache », qui porte sur la doctrine du ça freudien, a pour objet, pour thème, de confronter le sujet et la jouissance sous les espèces du signifiant et de la pulsion. C'est ainsi que dans ce texte Lacan met en rapport le morcellement de la combinatoire inconsciente et la décomposition de la pulsion. C'est ainsi qu'il peut mettre en rapport le sujet quant à sa place originelle avec l'annulation ou le néant de ce qu’il appelle la Chose. C'est un effort pour situer le sujet par rapport à la jouissance.
Mais c'est dans L 'Envers de la psychanalyse[14] que se fait limpide la confrontation du signifiant et de la jouissance. Ce Séminaire XVII est fait pour présenter ce qui est en quelque sorte la pointe de ce schéma quaternaire que je vous ai figuré tout à l’heure. C'est un Séminaire qui articule la conjonction de la répétition et de la pulsion. Ce que Lacan appelle savoir dans ce Séminaire XVII, c'est la transcription de la fable freudienne de la répétition. Ce qu’il appelle le savoir, c’est la répétition en tant qu’elle a rapport avec la jouissance. Il élabore là - et en laissant de côté toutes les précautions - la relation foncière, intime, de la répétition et de la pulsion, II dit que la répétition n'est pensable, n'a de valeur, qu’à partir de la jouissance, de la pulsion. C'est le thème de ce Séminaire.
D'un côté, sans doute, il fait de la jouissance une certaine limite du savoir, comme il pouvait, dans le Séminaire XI, faire de la répétition la chaîne signifiante ratant toujours le réel. Mais ce n’est que pour réaffirmer que la répétition est fondée sur la jouissance, et que tout 1'appareil signifiant de la répétition, ou du savoir, ne s’insère pour l'être humain que par le biais de la jouissance
Le plus-de-jouir
C'est ainsi que prend sa valeur le terme qu'il introduit dans ces années-là, celui de plus-de-jouir. Que veut dire le plus-de-jouir, - sinon que le signifiant sans doute annule l'objet naturel, annule la satisfaction de cet objet, le transmue ensymbole, mais qu'en même temps il y a un reste. C'est ce reste qui était méconnu dans les débuts de l’enseignement de Lacan, et c’est ce reste qu'il appelle le plus-de-jouir. Lacan ne dément pas l’opération d'annulation du signifiant, mais il ajoute que cette annulation laisse un reste, le plus-de-jouir.
Dire que c'est un reste, c’est déprécier les vocables de forçage ou de transgression que, encore dans son Séminaire de L'Ethique de la psychanalyse, il liait à la jouissance. Comme il le dit dans le Séminaire XVII, « on ne transgresse rien, se faufiler n’est pas transgresser ». On ne transgresse rien dans la mesure où, de toute façon, il y a un reste, un reste qui est la condition même de la chaîne signifiante. C'est en quoi ce qui nécessite la répétition est ce plus-de-jouir que le signifiant ne parvient pas à annuler. En ce sens, la répétition n'est pas seulement ratage du réel, comme Lacan l'articulait dans le Séminaire XI, mais recherche de jouissance. C'est en quoi la répétition elle-même n'est pas l’expression du principe deplaisir, mais va en elle-même contre la vie. C’est là le déplacement qui, de la répétition comme expression du principe du plaisir, fait l'articulation même de la pulsion de mort.
Le sens et la jouissance
A cet égard, la répétition répercute à la fois la symbolisation de la jouissance et son annulation, mais aussi la perte de jouissance. C'est ce qui fait son ambiguïté. C’est aussi ce qui permet à Lacan de dire à la fois que le savoir est moyen de la jouissance - ce dont j’ai fait le titre d’un chapitre de ce Séminaire XVII - et que la vérité est soeur de jouissance. Dire que le savoir est moyen de jouissance, c’est dire que tout en travaillant à son articulation, le savoir produit et répercute continuellement la perte de jouissance, et qu'ainsi la jouissance court sous le signifiant. Dès lors, cette jouissance qui court sous le signifiant est équivalente au sens. C'est ce qui mènera Lacan à parler de joui-sens, au sens de sens joui. Dès lors, la vérité comme sens du signifiant apparaît parente de cette jouissance métonymique.
Lacan faisait auparavant équivaloir le sens et le désir, alors que cette nouvelle définition de la répétition fait équivaloir le sens et la jouissance. C’est pourquoi il peut dire, dans ce Séminaire XVII, que la jouissance c’est le tonneau des Danaïdes, que c’est ce qui se trouve toujours fuir comme le sens sous le signifiant. Dans son « Introduction à l’édition allemande des Ecrits »[15] , c’est précisément à partir du tonneau desDanaïdes qu’il essaye de conceptualiser le sens du sens.
Eh bien, je vais m’arrêter pour aujourd’hui sur ce parcours, j’essaierai de vous l’éclaircir un peu la prochaine fois.
[1] Leçon du 15 mars 1995 du cours L’orientation lacanienne, année 1994-95 « Silet », inédit. Texte et notes établis par Anne Lysy, avec l’autorisation de J.-A. Miller, non relus par l’auteur.
[2] J.Lacan, Le Séminaire, Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1973.
[3] J.Lacan, ibid., p. 34.
[4] J.Lacan, op.cit., p. 131.
[5] J.Lacan, « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Ecrits, Seuil, Paris, 1966, pp. 237-322.
[6] J.Lacan, « Intervention sur le transfert », Ecrits, op. cit., pp. 215-236.
[7] J.Lacan, ibid., p. 225.
[8] J.Lacan, ibid., p. 225.
[9] J.Lacan, Le Séminaire, Livre XI, op. cit., p. 133.
[10] J.Lacan, op.cit., p. 48.
[11] J.Lacan, « Le Séminaire sur ‘La lettre volée’ », Ecrits, Seuil, Paris, 1966.
[12] J.Lacan, Le Séminaire, Livre XI, op. cit., p. 54.
[13] J.Lacan, ibid., p. 60.
[14] J.Lacan, Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1991. Récemment traduit en anglais par Russell Grigg.
[15] J.Lacan, « Introduction à l’édition allemande d’un premier volume des Ecrits », Autres écrits, Seuil, Paris, 2001, pp. 553-559.
Jacques-Alain Miller
Transference, Repetition and the Sexual Real - A reading of Seminar XI,
The Four Fundamental Concepts of Psychoanalysis
We begin the dissemination of ‘preparatory texts’ to the congress in London with a text by Jacques-Alain Miller on Seminar XI. This Seminar occupies a particular place in Lacan's teaching, constituting a moment of rupture, whose coordinates and stakes J.A. Miller has at various times laid out. Here, we have taken a seminar of his course of the year 1994/1995 (‘Silet’) where he shows in a clear way how Lacan relates the four fundamental concepts – the unconscious, repetition, transference and the drive – to a common structure, thereby “pouring the Freudian concepts into completely new mathemes”. The Freudian series of the four concepts “leads to a presentation of psychoanalysis on the basis of the relation between the subject of the unconscious and object a”; thus, “Seminar XI is a comment on the antinomy between the subject and jouissance”.
Seminar XI, where Lacan examines “what founds psychoanalysis as praxis” is a major reference in our preparatory work for the Congress; we put it forward for study in several Societies and Groups of the NLS. For this reason we are especially glad to be able to disseminate this commentary and to have translated it into English, and we very much thank Jacques-Alain Miller for his permission.
Anne Lysy
Note: This text, unpublished in France, was established and translated into Dutch for issue number 4 of iNWiT, the journal of the Kring, published in Mai 2008. It is published in this English translation by Russell Grigg in issue 22 of the Psychoanalytical Notebooks, forthcoming.
The French version of this text was circulated on NLS-Messager 14 - 2010/2011 (14 December2010)
TRANSFERENCE, REPETITION AND THE SEXUAL REAL
A reading of Seminar XI,
The Four Fundamental Concepts of Psychoanalysis
Jacques-Alain Miller
Changing the Order of Freud’s Concepts
I illustrated modes of enjoyment last time, with the amusement that illustrating them comprises. Today I will locate what founds these illustrations and which is, to put it in a condensed way, the conjunction of a mode of jouissance and repetition. To address this issue again, not at the level of examples but at the level of concepts, I intend to begin with the series of four fundamental concepts that Lacan stated in his Seminar XI, a seminar in which he took on the task of summing up what he had established over the first ten years of his teaching and developing thenext stage.[2] These four fundamental concepts are a selection that Lacan takes from Freud’s work and all four concepts were spelt out by Freud himself. Did Lacan choose these with the intention of keeping them alive? My answer is no. He stated them – this is how I think of this today – in order to demonstrate that a single structure is at work in Freud, and this leads him, if not to abandon them, then at least to classify them by virtue of referring them to a structure that is common to them all. This series is as follows: the unconscious, repetition,transference and the drive. This selection Lacan made from Freud’s work, has as its aim to reduce the Freudian conceptualisation to his own. This is what I am going to try to show today.
This selection, reduced to four terms, first of all emphasises a disjunction that is new and explicitly advanced as being new, namely the disjunction between repetition and transference. This is why Lacan can observe, it would seem quite unambiguously, “I am saying that the concept of repetition has nothing to do with the concept of transference”.[3] Despite what he re-evokes concerning the affinities between transference and repetition in Freud’s work and in the analytic experience, despite everything that links transference phenomena with repetition phenomena, he announces aradical disjunction between these two concepts – a disjunction that opens up the definition of the transference on the basis of the subject supposed to know, which happens to be absent from every definition of repetition.
The formula I illustrated from the section of Seminar XI on repetition is in some ways repeated in the section on transference: “…the transference, as operating mode [read as operating mode in the analytic relation] cannot be satisfied with being confused with the efficacity of repetition (…)”.[4] Lacan is here disputing what in the analytic literature has led to transference being referred to as repetition. We have, then, in the first instance an explicit and new disjunction between transference and repetition.
But a second disjunction is also in play in this selection: the disjunction between repetition and drive. This second disjunction is destined to disappear from Lacan’s teaching, since the progress of his teaching will on the contrary lead to repetition and drive always being increasingly identified with one another.
This is my starting point today, then, namely this double disjunction: repetition and transference; repetition and drive – the former becoming deeper and deeper, while the second is destined to close over, as if there are two separate destinies. It is not a question of illustrations here but of concepts. This is more austere than the last time. Let us try however to spell out the difference that Lacan establishes between repetition and transference in relation to the unconscious.
Disjunction Between Repetition and Transference
In order to simplify this disjunction, I will say that Lacan initially situates repetition on the side of the symbolic and the transference on the side of the imaginary, and that, in his series of four concepts, he is, in the first instance, only making thisopposition explicit.
The Transference as the Closing of the Unconscious
Let’s take transference first. As his starting point in Seminar XI Lacan chooses to situate transference as resistance. This is what he explicitly formulates, p. 130, when he makes the transference “the means by which the communication of the unconscious is interrupted, by which the unconscious closes up again”. That is, he is inviting us to consider the transference as a type of resistance to the unconscious and thus to establish a type of disjunction between transference and unconscious – the double bar being how I express this in some way dynamic opposition between these two concepts:
Transference // Unconscious
This definition of the transference as resistance to the unconscious is only conceivable on condition that we define the unconscious on the basis of the possibility of closure. And this is what animates this seminar: the attempt to situate the unconscious within a temporal structure of oscillation between opening and closing. This is initially raised in the definition of the first of these four concepts, theunconscious – this definition in terms of opening and closing is expressly intended to be followed by the definition of the three others.
In relation to this binary temporal structure, transference is situated on the side of closure. There is a sort of paradox here, mentioned by Lacan, in that classically the transference was attached to the very possibility of interpreting the unconscious. However, in this Seminar XI, and with the fundamental concepts of psychoanalysis in view, Lacan links the transference to the closing of the unconscious.
This only has the effect of making his presuppositions explicit. Take the beginnings of his teaching where the transference, instead of being considered a mode of access to the unconscious, was always situated as its closing. To convince yourself of this, you only need to refer to what precedes his manifesto, “Function and Field of Speech and Language in Psychoanalysis”[5], namely his text, “Intervention on Transference”[6], which attempts to draw out the lessons of the avatars of the Dora case for Freud.
Symbolic Dialectic and Imaginary Stagnation
This text – which is the written version of an ex tempore presentation – stresses the symbolic dialectic of this case of hysteria. It is only at the end that Lacan raises the question of what transference is. He responds by situating transference in relation to the dialectics of the case, as a moment of stasis, a moment of immobilisation of this dialectic: “(…) even when it [transference] reveals itself in an emotional guise [that is, by an affect], this guise has a meaning only as a function of the dialectical moment at which it occurs”.[7]
That is, initially, at the start of his teaching, and even after this start, at its origin, he situates transference with respect to the symbolic dialectic and as a moment of stagnation within it. This is the definition of transference he gives at the time: “(…) the appearance, at a moment of stagnation in the analytic dialectic, of the permanent modes according to which she [the subject] constitutes her objects”.[8] That is, he initially situates transference in opposition to the dialectical dynamics, which are essentially mobile, and situates it as the appearance, in experience, of a permanence that arises from the subjective constitution of the object.
What he initially situated as stagnation of the symbolic dialectic is to be found again in this Seminar XI in the form of the closing of the unconscious. That is, initially he situated transference in the imaginary register, in the register where the object iscorrelative to the ego, on the diagonal of the square of analysis that he will later spell out. He thereby binds transference and libido relative to the relationship between the ego’s narcissism and the object relation. This is moreover what leads him, at the beginning of his teaching, to accept the concept of countertransference, in so far as countertransference relates to the inertia of the analyst’s ego.
To speak of stagnation concerning transference is to refer it to the dynamics of the symbolic dialectic which both gives it its meaning and is capable of surmounting it. It can therefore be said that one of the consequences of the disjunction between the imaginary and the symbolic, where Lacan himself recognises the starting point of his own teaching, properly so-called, is to assign the transference to the imaginary.
The “Enactment of the Reality of the Unconscious”
In Seminar XI, when he lists this sequence of four, this is what he takes up, on the one hand, since he locates transference as the closing of the unconscious, that is, rewriting the dialectic’s stagnation. But at the same time, something changes here, in so far as this time around Lacan defines transference as “the enactment of the reality of the unconscious”.[9] What does this expression mean? It means that the transferential stagnationdoes not stem from the imaginary but from the reality of the unconscious. Here the term “reality” is meant to be contrasted with the term “imaginary”; it is meant to indicate that the transference does not belong to the order of this imaginary illusion. The term “reality” is meant to be contrasted with the imaginary, and what gives it its ballast is the expression “sexual”. The sexual as Lacan constructs it in his Seminar XI does not belong to the imaginary order.
If, however, transference as the enactment of the reality of the unconscious is the closing of the unconscious, then we have to suppose – and this is what Lacan develops in this Seminar – that there is an antinomy between the unconscious and its sexual reality. This in any case is what I propose in order to read this Seminar XI: there is both an antinomy between the unconscious and its sexual reality and the necessity for a concept that mediates these two terms.
This mediating concept, to put it in Freudian terms, is libido, which Lacan tries to locate at the meetingpoint of the unconscious and its sexual reality. Ultimately, there is a constant need for such a mediating concept in Lacan. He discovers it in Freud in terms of the libido and he rediscovers it in terms of desire. With the concept of desire he translates the Freudian concept of libido as being at the meeting point between the unconscious and sexual reality. On the one hand, he shows desire linked to the field of demand, linked to the signifier – all the syncopes of the unconscious can be presented therein – and on the other hand he shows desire united with sexual reality. This is where desire appears in this series of four concepts: not at the first level but at the second, as a mediating concept, one that enables the unconscious and sexual reality to be conjoined.
Repetition and the Opening of the Unconscious
Having situated the concept of transference in this roughed out way, let’s turn to the concept of repetition. The concept of repetition in this Seminar XI appears in an essential way at the opening of the unconscious and at its closing, as is the case for transference. This is the point at which Lacan is able to say that “the very constitution of the field of the unconscious is based on the Wiederkehr”[10],whichis repetition. Lacan says that the return of the same signifiers is proof of the unconscious. Henceforth, we can be confident of the presence and efficacy of the unconscious by repetition, by the effect of repetition. Repetition appears to be located on the side of the opening unconscious, whereas transference appears to be located on the side of its closure.
In Lacan’s teaching, reflection on the repetition automatism[11] has an essential place concerning the very definition of the unconscious – this is not the case with transference. One can say that repetition is essential to the Lacanian definition of the unconscious. That the unconscious is structured as a language means – I refer you to p. 21 of Seminar XI – that linguistic structure “gives the unconscious its status”, in so far as this structure enables us to locate and think the autonomous play of signifiers, and this, as Lacan says, in a presubjective manner. In this sense, the repetition of the same signifiers precedes the subject. This is what makes language and repetition, as the repetition of the same signifiers, the very condition of the subject in the unconscious.
To be sure, in Seminar XI Lacan is careful to differentiate between the subject of the unconscious and repetition – the subject manifesting itself as a stumbling, a fading away, a crack, a discontinuity, a vacillation in this repetition. In order for it to manifest itself there has to be repetition. This also brings us back to theorigins of Lacan’s teaching. In “Seminar on The Purloined Letter” one finds that the emphasis is on repetition as intersubjective repetition.[12] One can see subjects being determined by repetition and the displacement ofsignifiers. The demonstration is directed at constituting repetition in thesymbolic order, by opposition to transference which is in the order of the imaginary.
In putting together his “Seminar on The Purloined Letter” Lacan shows what the signifying syntax of repetition is: repetition is symbolic through and through. When he explicitly refers to the repetition automatism it is in order to mark the fact that this automatism has the value of Freudian memory in the strict sense; the value of this remembering is conceivable only in the symbolic order, that is, as charged with the subject’s entire history. And it is in relation to this symbolic repetition that he locates Freudian desire as indestructible, as situated in the symbolic chain, which has its own requirements. One could say that at the beginning of his teaching Lacan makes the unconscious only a repetitive sentence that obeys the laws of symbolic determination.
We have here a frank opposition between repetition and transference: transference is the imaginary order, being libidinal stagnation, and the unconscious being a symbolic chain that repeats according to the demands of its syntax. We have the echo of this in Seminar XI which draws out the consequences of the first ten years of Lacan’s teaching.
Repetition and Lost Object
However, Lacan has never failed to stress the link between repetition and the object as lost object. This reference accompanies every one of his definitions of the concept of repetition. He never stopped locating repetition as an effort to refind thefundamentally lost object. He never stopped placing object loss at the origins of repetition. It could be said that the reworkings of his teaching came from reflection on what object loss is.
At the outset the lost object is thinkable on the basis of the signifier’s fundamental binary structure, of which one of the major examples is given in the episode of Fort – Da, in the signifying exclamation accompanying the presence and absence, the appearance and disappearance, of the object. In one sense, and this is the first that Lacan picks out, this little story shows us the natural object annulled by the signifier and, by this very fact, purely and simply enslaved to the symbol. It is in this sense that Lacan is able to develop the symbolic character of repetition. Ultimately, in Seminar XI, Lacan shows that there is repetition and there is repetition. For this he has recourse to the difference between automaton and tuché in Aristotle. If he uses this reference it is in order to introduce a split in repetition, that is, to reduce what up to that point he was calling repetition to being nothing but automaton, return, the insistence of signs.
Transformation of the Concept of Repetition
Up until Seminar XI, it looked like repetition purely and simply meant the object’s erasure, and that everything that was of the natural order, that was real, given at the outset, had passed over into the symbolic, without remainder. But what Seminar XI indicates is that the relation of repetition to the object is not simply one of annulment. If the object is annulled, struck out, it remains the case that repetition continues to be directed at it and that, being so directed, it misses it. On this basis, one can say that this repetition goes out to meet a real that it misses.
Here you have a profound transformation of the concept of repetition that Lacan illustrates by referring to the concept of traumatism in Freud, and by making it into the Freudian concept of the inassimilable to the signifier. This is the motor of repetition in Seminar XI: repetition, as symbolic as it is, appears to be determined by traumatism as real. This changes the concept of repetition from top to bottom. Repetition as automatism is henceforth restored as the avoidance of and, at the same time, appeal to an encounter with an initial real, the real of traumatism.
The Conjunction of Repetition and Transference: the Sexual Real
This initial real – for which Lacan takes his bearings from traumatism in the Freudian sense – appears at the level of the sexual. It is this term “sexual” that, definitively, combines with the concept of transference. Inside the disjunction between repetition and transference, between symbolic function and imaginary stagnation, there is a common element, which is this relationship to the sexual real.
The disjunction between repetition and transference is therefore not the final word of Seminar XI. On the contrary, this disjunction is only intended to emphasise what is in common between repetition and transference. This is why Lacan can say that in the transference there is a relation to the real and not only to the illusory. This is what he expresses, going quickly, when he says that “we can succeed in unravelling this ambiguity of the reality involved in the transference only on the basis of the function of the real in repetition”.[13]
Undoubtedly, things are not clear in the transference. In the transference an illusory element is mixed in with the real, but Lacan invites us to think about what is at stake in the transference on the basis of repetition insofar as it is concerned with thereal. In this Seminar XI repetition is not only the automatic repetition of signifiers. It is a repetition that has the value of avoiding the real as sexual.
With respect to repetition defined in this manner, transference is, then, the enactment of sexual reality, in such a manner that it appears now as the tuché of repetition. What repetition is destined to miss, and to do so in perpetuity, is found to be enacted in the transference.
The disjunction between repetition and transference disguises, then, a more secrete conjunction. Ineffect, repetition is the continued disappointment of the encounter with the object a, whereas the transference presents this object a. And therefore, underneath the disjunction between the two Freudian concepts of repetition and transference, Lacan discovers a more secrete conjunction, namely, that these two concepts are both articulated to the object: repetition as missing it (it only misses itbecause it aims at it), and the transference as presenting it.
This gives quite a different value to what Lacan was previously aware of as imaginary stagnation. What he had been calling imaginary stagnation comes to be discovered as the permanence of the real, in the same place, despite the dialectical dynamics of the signifier. Let’s just say that this translation translates the passage from jouissance of the imaginary to the real. This is what Seminar XI is about.
To be sure, Lacan refrains from pronouncing this term “jouissance” when he speaks of repetition. Nevertheless, when he evokes the real with which repetition attunes itself but misses it,that is, the traumatic real, the term that he keeps back is in fact “jouissance”. This is to be seen when he speaks of the Fort-Da episode in which the signifier seems to annul the object, as if it were a “self-mutilation on the basis of which the order of significance will be put in perspective”.[14]
With this term “self-mutilation” he is indicating the schema that is for him implied in the relationship between repetition and transference. Repetition, as automatism, is equivalent to a signifying chain, which both eludes and designates the central place of the real that transference enacts:
This schema in which I correlate repetition with transference is the schema of the drive that Lacan proposes at the end of The Four Fundamental Concepts. One could say that it is where the entire Seminar is headed.
To be sure, this Seminar XI does not deploy the concept of jouissance. What comes in its stead is the concept of the sexual. Repetition appears as the symbolic function that avoids the bad encounter with the sexual. It continues on, with its automatism, but without ever encountering it. Transference, on the other hand, is like the presentation in short-circuit form of this sexual reality. And the drive appears as the articulation of repetition with the transference, that is, as a signifying repetition the product of which is jouissance.
The Subject of the Unconscious and Jouissance
In this series, these four concepts, which Lacan presents in an aligned manner (these concepts are all different from one another), are, in the end, made to be linked together all on the one schema. And the schema that binds them together is apt to translate the concept of the unconscious insofar as it is animated by a pulsation that is linked to sexual reality. The unconscious appears as divided between the repetition automatism and the presentation of asexual reality – which is what this translation of Lacan’s sums up as being in the end the subject’s relation with the object ($ <> a), the subject of the relation of the unconscious with jouissance present in sexual reality.
If you read The Four Fundamental Concepts, you will see that this Freudian series of four concepts is designed in the end to culminate with the schema of alienation and separation, that is, with a presentation of psychoanalysis on the basis of the relation between the subject of the unconscious and the object a. The demonstration that is at work in this Seminar is the demonstration of the similarity in structure between the various Freudian concepts. These four concepts of Freud’s can be accounted for on the basis of the relationship between opening and closing, alienation and separation, between subject and object.This is why Lacan can say that the place of the real goes from trauma to fantasy, that fantasy is the screen that hides what is determinant in the function of repetition, and that he can therefore elaborate, in the place of these four concepts, the object of psychoanalysis.
What is achieved in Seminar XI is the demonstration that Freud’s four principal concepts are liable to be reduced to a unique schematism, and that this schematism rests on the conjunction and disjunction between the subject of the unconscious and the object a. It is in this respect that from this seminar on Lacan will never again take up this theme of Freud’s concepts. This is what he had done over the first ten years of his teaching. Each of the seminars is centred on one of Freud’s major texts. But after Seminar XI, and this structural summary that he contributes, Lacan will never again have this privileged reference to any of Freud’s texts. On the contrary, he will demonstrate in what way he pours the Freudian concepts into previously unheard-of mathemes.
What this Seminar XI is commenting on is the antinomy between the subject and jouissance. The unconscious is centred on the subject as barred subject, that is, as what he calls a complement of being. Defining the unconscious as barred subject is saying that it calls for a complement of being. Repetition is above all introduced as asplit between automaton and tuché, that is, as a split between signifier and real. Transference is conceived as a short-circuit that gives access to sexual reality. And as for the drive, it is testimony to the forcing of the pleasure principle and the fact that there is jouissance beyond this principle.
Three Ways of Writing Libido
Lacan has successively given us three distinct ways of writing the Freudian concept of the libido. First – and this was for him a real epistemological obstacle – he locates libido in the imaginary register. He locates libido on the basis of the reversibility between narcissism and the object relation. And this is why he saw libido above all as coming into the species of stagnation in relation to the symbolic dialectic.
Second, he tried to locate libido as a Freudian concept in the symbolic register, thereby turning it into desire. Lacan’s theory of desire is the rewriting of the Freudian concept of libido as a function of the symbolic register. And this leads to the equivalence between desire and meaning, precisely metonymic meaning. Desire is conceived as meaning running underneath the signifying articulation without ever appearing as such: (-) s.[15]
Finally, thirdly, he gave a writing of libido qua jouissance, which is of the real register.
It can be remarked that in these three avatars of the libido Lacan never failed to maintain the link between libido and the instinct or the death drive. Initially, when he makes libido a term of the imaginary register, he does not fail to stress what in aggressiveness is attached to the libidinal object. The aggressive intention that he stresses is for him the mark of the death instinct—for example, in the object in the mirror stage.
Secondly, when he makes libido desire in the symbolic register he stresses the annulment of the object by the signifier, and he considers that death thereby enters into life by the operation of the signifier. He still sees therein the reason for the death drive.
Thirdly, when it is in the real register that he accounts for Freudian libido he stresses that jouissance goes against the pleasure principle, which is the principle of survival, in such a way that jouissance goes in the direction of death and destruction. This is why he privileges what I mentioned last time, namely the Sadean introduction ofjouissance.
Conjunction of Repetition and Drive: Seminar XVII
Here, then, is a mapping that what we are calling Lacan’s teaching on jouissance proposes to us. It is certain that Lacan approached the relations between signifier and jouissance in many ways before fully working them out. For example, the second part of “Daniel Lagache”, which bears on the doctrine of the Freudian Id, takes as its object, as its theme, the confronting of subject with jouissance under the rubric of the signifier and the drive.[16] It is in this way that in this text Lacan relates the fragmentation of the unconscious combinatory and the decomposition of the drive. It is in this way that he is able to relate the subject, with respect to its original place, and the annulment or nothingness of what he calls the Thing. It is an effort to situate the subject in relation to jouissance.
But it is in The Other Side of Psychoanalysis[17] that the confrontation between signifier and jouissance is made clear. This Seminar XVII is designed to present what is in some way the culmination of this quaternary that I illustrated for you before. It is a seminar that articulates the conjunction between repetition and drive. What Lacan calls “knowledge” in Seminar XVII is the transcription of the Freudian fable of repetition. What he calls knowledge is repetition insofar as it is in relationship with jouissance. He elaborates here – and leaves aside all precautions – the fundamental, intimate relationship between repetition and drive. He says that repetition is not thinkable, has no value, except on the basis of jouissance, on the basis of the drive. This is the theme of this Seminar.
On the one hand, no doubt, he makes jouissance a certain limit of knowledge, just as in Seminar XI he wasable to make repetition the signifying chain that always missed the real. But it is only so as to reassert that repetition is founded on jouissance, and that the signifying apparatus of repetition, or of knowledge, only inserts itself for the human being by means of jouissance.
Surplus Enjoyment
This is where the term that he introduces in those years, “surplus jouissance”, derives its value. What does “surplus jouissance” mean? It means that the signifier undoubtedly annuls the natural object, annuls the satisfaction of this object, transmutes it into a symbol, but that at the same time there is a remainder. It is this remainder that was misunderstood at the beginnings of his teaching, and it is this remainder that he calls surplus jouissance. Lacan does not renounce the operation of annulment by the signifier, but he adds that this annulment leaves a remainder, surplus jouissance.
To say that it is a remainder is to devalue the terms “forcing” and “transgression” that, still in the Seminar, The Ethics of Psychoanalysis, he was linking with jouissance. As he says inSeminar XVII, “(…) we don’t ever transgress. Sneaking around is not transgressing”.[18] No one ever transgresses insofar as, whatever happens, there is a remainder, a remainder which is the very condition of the signifying chain. It is in this respect that what necessitates repetition is this surplus jouissance that the signifier never manages to annul. In this sense, repetition not only misses the real, as Lacan describes it in Seminar XI, but is also a search for jouissance. In this respect repetition itself is not the expression of the pleasure principle but itself goes against life. This is the displacement which makes repetition, as the expression of the pleasure principle, the very articulation of the death drive.
Meaning and Jouissance
In this respect, repetition reflects both the symbolisation of jouissance and its annulment, but also the loss of jouissance. This is what gives it its ambiguity. It is also what enables Lacan to say both that knowledge is a means of jouissance – which I made a title of one of the chapters of Seminar XVII – and that truth is the sister ofjouissance. To say that knowledge is the means of jouissance is to say thateven as it works towards its articulation, knowledge continuously produces and reflects the loss of jouissance, and thus jouissance flows under the signifier. Henceforth, this jouissance that flows under the signifier is the equivalent of meaning. This is what will lead Lacan to speak of jouis-sens, enjoy-meant, in the sense of meaning enjoyed. Henceforth, truth as the meaning of the signifier appears as the parent of this metonymical jouissance.
Lacan previously made meaning and desire equivalent to one another, whereas this new definition of repetition makes meaning and jouissance equivalent to one another. This is why he is able to say, in Seminar XVII, that jouissance is the barrel of the Danaides, that it is always what finds itself leaking out, as meaning, under the signifier. In his “Introduction to the German edition of Ecrits”[19], it is beginning with the barrel of the Danaides that he tries to conceptualise the meaning of meaning.
So, then, I will stop there for today on this trajectory, and I will try to illuminate it a bit next time.
Translated from the French by Russell Grigg
[1] Lecture given 15th March 1995 as part of J.-A. Miller’s course, The Lacanian orientation, in the year 1994-1995. “Silet”, unpublished. Text and notes have been edited by Anne Lysy, authorised by J.-A. Miller, not reviewed by the author.
[2] Lacan, J. The Four Fundamental Concepts of Psychoanalysis, tr: Sheridan, A., Penguin London 1994
[3] Ibid., p.33
[4] Ibid., p.143
[5] Lacan, J.; Function and Field of Speech and Language in Psychoanalysis, Ecrits, tr: Fink, B., Norton London 2006
[6] Lacan, J.; Intervention on Transference, Ecrits, tr: Fink, B., Norton London 2006
[7] Ibid., p. 184
[8] Ibid.
[9] Op.cit., p.146
[10] Op.cit., p. 48
[11] [TN]This is Freud’s ‘compulsion to repeat’.
[12] Lacan, J.; Seminar on “The Purloined Letter”, tr: Fink, B., Norton London 2006
[13] Op.cit., The Four Fundamental Concepts of Psychoanalysis, p.54
[14] Ibid., p.62
[15] Lacan, J.; The Instance of the Letter in the Unconscious, or Reason Since Freud, Ecrits, tr: Fink, B., Norton London 2006
[16] Lacan, J.; Remarks on Daniel Lagache’s Presentation, Ecrits, tr: Fink, B., Norton London 2006
[17] Lacan, J.; The Other Side of Psychoanalysis, The Seminar Book XVII, tr: Grigg, R., Norton, London, 2007
[18] Ibid., p.19
[19] Lacan, J.; « Introduction à l’édition allemande d’un premier volume des Ecrits », Autres écrits, Seuil, Paris, 2001, pp. 553-559.