PUBLICATIONS | NLS-MESSAGER
 
NLS-Messager 659

CONGRÈS NLS VIII / VIII NLS CONGRESS
VERS GENÈVE 3 - TOWARDS GENEVA 3

(English Translation Below)

VERS GENÈVE 3

L’article qui suit est un travail présenté par l’une de nos Collègues de Lausanne durant le Séminaire préparatoire au Congrès de Genève qui a eu lieu six fois au cours de cette année. Comme il est indiqué, il s’agit d’une référence des “Propos directifs pour un Congrès sur la sexualité féminine”, plus spécifiquement reliée à la Section VII §2 où Lacan, contrairement à Freud et à Deutsch, rejette la notion de masochisme féminin.
PGG

Le masochisme féminin selon Hélène Deutsch
Une référence des" Propos directifs sur la sexualité féminine"
Inma Guignard-Luz

A la lecture des premières pages du texte d’Hélène Deutsch concernant ce qu’elle nomme « Le masochisme féminin », j’ai cru initialement qu’elle s’inscrivait dans la tentative de Freud, de capter l’être de la femme à partir d’une position masochiste. J' espère que la suite de la lecture que j’ai faite et je vais vous proposer, laissera plutôt apparaître comment Hélène Deutsch, ne fait pas du masochisme féminin le socle de « l’être femme » mais plutôt celui d’une définition de la sexualité féminine. Nous la verrons, cas à l’appui, se pencher et explorer une certaine opération féminine pour s’inscrire dans un discours, qui m’a semblé être de l'ordre de la privation. Dans les cas qu’elle va nous décrire, cette manoeuvre servirait à se fabriquer, au niveau du corps propre, un point de suture  entre l’imaginaire et la jouissance excédentaire réelle[1]; tentative risquée et douloureuse, mais avec laquelle, selon elle, les femmes s’introduisent dans une « réalité sociale », qui semble fonctionner comme limite pour certaines. C'est là ce qu'Hélène Deutsch nomme "Masochisme féminin", mais, pas plus que Freud, elle ne l'assimile à la perversion masculine.

chiatre elle-même, très imprégnée des adhérences du savoir de la psychanalyse de son époque à la biologie, elle se penche néanmoins avec beaucoup de courage sur les déclinaisons féminines de « la part maudite de la nature humaine », qui n’épargne pas non plus les hommes, et devant laquelle défaillent tant les vocations thérapeutiques que les services sociaux.

L’interruption précoce de son analyse avec Freud, pour céder sa place à l’homme aux loups, à la demande de Freud lui-même, semble l'avoir empêchée de tirer toutes les conséquences qu'on aurait pu espérer de la finesse de ses observations et de l’intérêt de certains de ses commentaires.

Hélène Deutsch situe d’emblé le corps propre d’une femme comme le lieu ou sont en jeu deux intérêts contradictoires difficiles à concilier : « ceux de l'individu- et ceux de l'espèce ». Elle qualifie d’illimité et de naïve, la recherche du plaisir par l’individu féminin. Elle situe par ailleurs la douleur de l’enfantement, « inscrite dans la nature », « au service de la propagation de l’espèce », comme nécessaire pour une femme. Inscrivant là, le masochisme féminin via la maternité dans une espèce d’ontogenèse féminine.[2]

ans ses associations, elle fait découler ce qu’elle appelle l’association entre souffrance et plaisir directement de la fonction de la « reproduction », elle établit une articulation qui a toutefois de l’intérêt et qu'elle désigne comme « collaboration plus ou moins harmonieuse du masochisme et du narcissisme ». La notion de la nécessité de la douleur comme limite au plaisir, a retenu mon attention. Aussi la question de l’inscription sociale féminine qu’elle ouvre ici, par la voie de l’espèce.

Les femmes supporteraient, selon Hélène Deutsch, la douleur de l’enfantement, sur sa double face : versant limite au plaisir - versant reconnaissance sociale. C'est cette marque corporelle douloureuse qui les inscrirait, selon elle, dans le lien social.

Si au premier abord, pour Hélène Deutsch, masochisme-passivité sembleraient indissociablement liés à position féminine, nous verrons par la suite qu' elle n’hésite pas à se risquer un peu plus loin que le point où en était Freud dans sa recherche à ce moment là. Elle le fait dès qu’elle décolle un peu la question féminine de la maternité et de la propagation de l’espèce.

D'un côté elle tente de résoudre la question d’une supposée essence féminine originaire, dans la maternité ; au point qu’elle en arrive à faire pour toute femme de la douleur, une fonction quasi homéostatique : « la douleur apaise le sentiment de culpabilité et provoque le plaisir »; Mais il lui apparaît néanmoins, que le plaisir corporel pour une femme est problématique ; au point qu’elle en viendra alors à l’interroger en le mettant en dialectique avec la douleur. Elle renverserait ainsi la question de la passivité inscrite dans la nature, en position active du sujet féminin. Elle indique par là que le plaisir est problématique, voire qu'il peut devenir ravageant pour une femme.

C’est à ce point qu’Hélène Deutsch repère une certaine pente chez les femmes en général, que nous qualifierons avec Lacan comme une jouissance de la privation (trou réel- objet symbolique).

ilà donc passés des affres biologiques de l’accouchement, à l’embarras pour une femme à propos des manifestations du corps propre ; ce n’est pas le même registre, même si elle glisse de l’un à l’autre sans qu’elle nous permettre de repérer trop précisément, où pour elle se joue le passage.

l, nous dit-elle, libère une fillette de sa responsabilité.[3] « La raison primordiale de toutes ces méthodes de plaisir masochiste réside dans les besoins érotiques des composantes qui ont été refoulés et qui apparaissent ouvertement dans la vie imaginative. Il est évident que ces imaginations ne peuvent parvenir à la conscience que sous le couvert d’une sanction douloureuse et de la non acceptation de l’objet réel. »

On peut donc se demander ce qui ferait qu' une fillette devrait en appeler à un renforcement d’une loi impérative et féroce pour endiguer l’émergence des pulsions qui se manifestent sur la scène de son corps propre ?

Cette opération, de recours donc, signale néanmoins un phénomène clinique qui a sa valeur, y compris à notre époque des droits des hommes et des femmes. Dans un film récent intitulé « L’Antéchrist », la psychose déclenchée par la maternité chez une femme, sert à peine d’alibi pour mettre exclusivement du côté de la psychose féminine, une jouissance excédentaire informe qu’une femme expérimente vaguement dans tout son corps et que le personnage féminin du film tente sans succès de conjurer jusqu’à la mort.

Avec la notion lacanienne d’une jouissance pas toute phallique, l’équation qu’établit Hélène Deutsch, de ce qu’elle appelle la passivité féminine avec ce qu’elle appelle des « manifestations quasi biologiques » accolées au masochisme, prend pour nous une autre résonance. Elle, en situe la cause du côté de ce qu’elle appelle les composantes refoulés des besoins érotiques, « forces instinctives qui jouent dans l’enfance et reviennent en force à la puberté » Le corps terrain des manifestations pulsionnelles, d’emblé pris dans le langage de l’Autre - ne sort pas apaisé de ce lien à l’Autre ; Il s’en suivrait un certain échec du lien ( échec du principe de plaisir) - l’échec du refoulement se manifestant par le retour du refoulé.

« Ces imaginations substitutives (refoulement) chez une fille ne peuvent parvenir à la conscience que sous le couvert d’une sanction douloureuse » tentative de re-lier le corps à une -sanction signifiante comme couverture, enveloppe, - dont la douleur en constituerai la marque – La fille s’affronte à la jouissance réelle, informe dans le corps propre, sans le secours de la boussole pénienne pour orienter sa pulsionnalité.[4] Elle doit s’en inventer d’autres.

L’imaginaire chez la fille ne prend pas son essor dans le corps propre, pas d’organe propre qui fasse vraiment l’affaire - Marie Bonaparte par exemple a tenté en vain de donner raison de cette difficulté de trouver l’équivalent dans le corps d’une femme d’un condensateur de jouissance, qui fasse limite et protège du ravage. Hélène Deutsch nomme cela « Non acceptation de l’objet réel ».

Pour Deutsch: « Les tendances masochistes, ne se présentent pas comme d’obscures et inconscientes prémonitions, mais des imaginations précises en contact avec la réalité ».[5] Elle fait valoir leur caractère fantasmatique. Concernant directement le corps, « elles sont néanmoins moins dangereuses que d’autres imaginations masochistes perverses »

Elle établit donc très clairement la différence avec la perversion. « Si les imaginations étaient directement satisfaites elles mèneraient directement à la perversion, ce qui est extrêmement rare chez les femmes. »

« Quand on en rencontre une, ajoute-t-elle, elle consiste dans le désir d’être battue »- Dans les cas qu’elle cite, en effet, le corps de ces femmes ne semble être le champ d’aucune division, d’aucun ravage, d’aucune significantisation douloureuse, aucun plaisir dit-elle ; La douleur semble plutôt complètement déconnectée de la jouissance propre. « Elles ne rencontraient aucune sensation de plaisir quand on les battait »[6] Des raisons comptables, professionnelles, sans état d’âme ; Parmi elles, elle distingue celles « s’offrant comme des « sacrifices d’amour », à leurs amants sadiques. Là elle signale plutôt le registre de la psychose. Elle remarque néanmoins très justement, y compris dans ces cas de figure, la valeur symptomatique de ce que ce qu’elle appelle le désir masochiste, qui dans ces cas serait satisfait par un autre biais, par un détour dit-elle. C'est-à-dire par le choix d’un objet d’amour sadique et l’indulgence pour sa perversion, cependant que la satisfaction directe est refusée. Elle n’en jouit pas, elle est jouie ; sacrifice de la jouissance pas-toute à un Maître absolu non châtré.

Dans ce qu’elle appelle le masochisme féminin, par contre, il est plutôt question de division sur la scène du corps propre, ainsi que de retour du refoulé ; donc, pas de démenti de la castration de l’Autre. C’est un masochisme dit-elle "non dépourvu de sens sexuel".

La cause elle la situe dans les mouvements obscurs de l’excitation sexuelle, assez imprécise, non localisée de manière génitale, et qui rencontre de manière pressante à la puberté, les sollicitations sociales. S’ensuivent des états anxieux face aux « exigences idéalistes-narcissiques » sur lesquelles se construisent les « imaginations masochistes ».[7]

Ainsi le masochisme féminin, d'abord considéré comme une tendance naturelle, se profile donc maintenant comme une « résultante » de la tension qui existe entre des forces qui ne sont pas homogènes : « Des forces de sens contraire ».Leur bizarrerie et leur monotonie signalent déjà pour Hélène Deutsch, l’insistance de l’ineffaçable pulsionnalité qui les organise. La meilleure façon de les atteindre, dit-elle, est la psychanalyse, où elles peuvent être démasquées. L’acte dit sexuel, ayant des racines tellement profondes, il est inaccessible à toute correction purement intellectuelle. Les tenants de la « psychologie du moi » auraient pu en prendre note.

Elle donne par la suite des indications cliniques précieuses concernant la psychose : Dans des cas où la femme adopte une position de déchet, le Moi idéal répudie toute liberté sexuelle, y compris la liberté d’imaginer ; donc l’incapacité d’une construction fantasmatique. Les imaginations propres comme elle les appelle, revenant au sujet en tant qu’injures ou auto reproches. Pas de dialectique ni contradiction possible.

L’amour du père, dans certains cas où la fille est la préféré parmi d’autres filles, (ce qui était le cas d’Hélène Deutsch) favoriserait la division féminine moyennant le relais du corps de la mère auprès du père. La fille se verrait ainsi préservée dans sa division et se précipiterait avec plus de force sur le versant amour idéal.[8] Mais elle en signale aussi les inconvénients : le deuil non fait de cette position privilégié auprès du père serait à l’origine de certains aveuglements féminins : des dupes du père,  qui se donneraient au premier venu, croyant tout ce qu’on leur raconte.

Par contre, elle met sur le compte des « non dupes du père », qui dénoncent avec cynisme son incapacité d’arriver à bout de l’injustice de leur division, certaines femmes qui côtoient, sans contradictions le milieu très codé de la prostitution et l’absence d’ embarras moral.

Finalement Hélène Deutsch, problématise la question du masochisme féminin, en introduisant des sujets féminins aux prises avec conflits psychiques acquis et non pas innés.[9]

Concernant par contre ce qu’elle nomme « Lien d’amour masochiste », il me semble qu’il y aurait à interroger l’équation trop rapide : héroïsme - besoin de se détruire. Un des cas qu’elle cite c’est le cas d’une femme qui quitte son mari, quand ce dernier est mis hors circuit parce qu’emprisonné. Elle épousera un homme riche qui lui donne tout ce qu’elle demande : une vie agréable, une position sociale, un enfant, mais qu’elle n’hésitera pas a quitter à son tour quand le premier, sorti de prison, est devenu fou furieux contre elle parce qu’elle l’avait abandonné. Elle a beau savoir qu'il ne lui donnera pas ce qu’elle demande, elle l’épouse à nouveau. Elle se dit satisfaite, sans le moindre regret. Il me semble que ce cas de figure introduit la différence entre l’être ou l’avoir pour une femme. Et pose la question de ce qu'elle a troqué et qui a une si grande valeur pour une femme au delà de l'avoir.[10]

Le deuxième cas, d’une femme « asservie à un partenaire qui la bat sans discontinuer », pose la question suivante : Est-ce que le Maître sadique serait le seul en mesure de s’exécuter face à une certaine demande d’amour, qui pour certaines femmes, ne peut se manifester que comme un impératif? Comment un homme peut-il être "un partenaire ravage" pour une femme?

La question importe du point de vue clinique, car derrière toute demande d’aide sociale, comme c’est souvent le cas pour les consultations dont témoigne Hélène Deutsch, il n’y a pas forcément souffrance psychique ni insatisfaction, comme on le traduirait dans le discours commun.

Dans les cas présentés, Hélène Deutsch repère bien la vitalité et l’efficience de certains processus psychologiques chez des femmes, qui ne se réduisent pas une position d’objet déchet.

Elle n’assimile d’ailleurs nullement le recours masochiste chez le sujet féminin et masculin. A différence de celui de l’homme le masochisme féminin est d’emblé sexualisé précise-t-elle ; impliqué dans le lien érotique au partenaire ; ce qui n’est pas le cas de l’homme.

Chez la femme le corps propre est d’emblée mis en jeu, dans le lien au partenaire. Alors que dans le masochisme masculin, plutôt d’ordre moral, le caractère érotique féminin serait secondaire. Elle renvoie pour y voir plus clair au registre des névroses!

La question du masochisme féminin apparaît alors pour Hélène Deutsch comme indissolublement lié à la complication des névroses, donc à la question  pour  chaque femme  d’un choix politique inconscient pour faire lien social avec son corps.

Pour terminer, la question de la sublimation pour une femme qu’elle introduit aussi, mériterait à elle seule une discussion qui ne la cantonne pas au terrain des grandes causes, grands destins, ou grandes œuvres ; mais dont il me semble que l’intérêt serait, de nous permettre plutôt de repérer sa fonction fondamentale dans l’établissement de la réalité pour chaque sujet, ainsi que ses déclinaison pour le sujet féminin. Je ne m’y avancerai pas ici, même si la place des artistes femmes dans l’art contemporain, à discerner plus précisément, et au-delà du succès de leur production, pourrait être une bonne porte pour tenter une entrée en matière.

NOTES
[1] « L’excédent », formalisé plus précisément dans « Malaise dans la civilisation », et qui a organisé très tôt l’enseignement de Lacan, a fortement contribué à éclairer ma lecture d’Hélène Deutsch. Aussi la reprise des dernières élaborations de J. Lacan par JAM dans son cours d’Orientation lacanienne, concernant la nécessité sinthomatique d’articulation de trois registres différents et épars ( R S I) pour chaque sujet, déjà ouvertes dans le S.XX de J.Lacan, où, comme le rappelle JAM dans son  XI cours « De la nature des semblants », à l’intérieur d’une protubérance informe et ouverte, qui semble appendue au point réel d’un triangle, dont chacun des points est respectivement nommé par la lettre I, S, R. », y figure la lettre J de jouissance au principe du plaisir, déjà évoqué par Freud dans « Analyse terminable et interminable ».
[2] Deutsch H., "Le masochisme féminin", Psychologie des femmes, vol.I, chapitre VII, Paris, PUF, 1949),  p. 210.
[3] ibid.,p.221.
[4] ibid.,p.223.
[5] ibid.,p.220.
[6] ibid.,p.222.
[7] ibid.,p.223.
[8] ibid.,p.225.
[9] ibid.,p.227.
[10] ibid.,p.231.

 

*

TOWARDS GENEVA 3 The following paper was written by our Colleague from Lausanne for the preparatory Seminar that was held six times during the academic year in Geneva. As mentioned it is a reference from the “Guiding Remarks for a Convention on Female Sexuality” and more specifically, it relates to  Section VII ( “Misconceptions and biases”) §2 in which Lacan, contrary to Freud and Deutsch discards the notion of feminine masochism.
PGG

Feminine masochism according to Helene Deutsch
A reference to “Guiding Remarks for a Convention on Female Sexuality”
Inma Guignard-Luz

While reading the beginning of Helene Deutsch’s text on what she calls “feminine masochism”, at first I thought she was trying, as did Freud, to understand the being of woman from the position of masochism. I hope to show you here, however, that further reading reveals how Helene Deutsch describes feminine masochism not as the foundation stone of “feminine being” but rather as a definition of feminine sexuality. Through case studies we will see her inquire into and explore a certain feminine operation for inscription in discourse that seemed to me to be of the order of privation. As we will see in the cases described to us, this manoeuvre will serve to fabricate, at the level of the body itself, a point of suture between the imaginary and the excessive real jouissance[1] - a risky and painful process but with which, according to Deutsch, women enter a “social reality” that, in some cases, can serve as a limit. This is what Helene Deutsch calls “feminine masochism”; which she does not equate with masculine perversion, any more than Freud did.

A doctor of psychiatry and imbued with the knowledge of her time of the relation of psychoanalysis to biology, Helene Deutsch nevertheless courageously examined the feminine declensions of “the accursed share of human nature” - from which men were not to be spared either - and which had shown many therapies and social services to be inefficient.

The untimely interruption of her analysis with Freud in order to give up her place to the Wolf Man, at Freud’s request, seems to have kept her from being able to draw all the conclusions one would have hoped for from her shrewd observations and her pertinent commentaries.

From the start, Helene Deutsch describes the woman’s body as the place where two contradictory and not easily reconcilable forces come into play: “those of the individual and those of the species”. She describes the feminine individual’s pursuit of pleasure as unlimited and naïve. By saying that the pain of childbirth, which is “inscribed in nature” and “at the service of the propagation of the species”, is necessary for a woman, she shows that it is through motherhood that feminine masochism takes its place in a type of feminine ontogeny.[2]

Directly associating the relationship between suffering and pleasure with the function of “reproduction”, she establishes an important connection that she designates as “the more or less harmonious collaboration between masochism and narcissism”. What caught my attention here was the notion of the necessity of pain as a limit to pleasure, as well as her question about species and a feminine societal role.

According to Helene Deutsch, women bear the pain of childbirth in its two aspects: on one side there is the limit to pleasure, on the other social recognition. It is through this painful mark on the body, she says, that women become inscribed in the social bond.

Although at first sight it appears that masochism/passivity is indissociably linked to a feminine position, further reading shows us Helene Deutsch does not hesitate to risk going beyond Freud’s stance on the issue in his research at that time. She does this as soon as she separates the question of femininity from motherhood and the propagation of the species.

n attempt to use motherhood as a way to answer the question of a supposed original feminine essence, she goes so far as to make pain an almost homeostatic function for all women: “pain relieves the feeling of guilt and gives rise to pleasure”. However, she notices that corporeal pleasure remains problematic for women who, in their efforts to come to terms with it, even place it in a dialectical relationship with pain. In this way the idea of passivity written in nature is replaced with an active position for the feminine subject. And in this way she points out the problematic and sometimes even ravaging aspects of pleasure for a woman.

Helene Deutsch sees here a certain tendency for women in general, which we will qualify, with Lacan, as a jouissance of privation (real hole – symbolic object).

We have thus gone from the biological agony of childbirth to a woman’s confusion about the manifestions of her own body – these are not on the same register even if she slides from one to the other without letting us locate precisely where the makes the passage.

Rape, she tells us, frees a little girl of her responsibility.[3] “The primordial reason behind all these methods of masochistic pleasure resides in the erotic needs of the components that were repressed and that openly appear in the imagination. It is clear that these imaginings can only appear in consciousness under the guise of painful punishment and a non-acceptance of the real object”.

We can therefore ask ourselves why it is that a little girl must call on the reinforcement of an imperative and severe law in order to restrain the emergence of drives that show up on the stage of her own body.

This mechanism of recourse indicates a clinical phenomenon that has its importance even now in our era of men’s and women’s rights. In a recent film entitled The Antichrist, a woman’s psychosis triggered by her maternity hardly serves as an alibi, in order to put exclusively on the side of feminine psychosis a shapeless surplus jouissance which a woman vaguely experiences throughout her body, and that the female role in the film unsuccessfully tries to expel up to her death.

With the Lacanian notion of a jouissance that is not-all phallic, the equation that Helene Deutsch makes between feminine passivism and the “quasi-biological manifestations” associated with masochism acquires a different resonance for us. For her, the cause is on the side of what she calls repressed components of erotic needs, “instinctual forces from childhood that return in strength at puberty”. But the body - a field of drive manifestations and inhabited from the start by the language of the Other – is not appeased by this bond with the Other. There is always a certain failure with regards to the bond (a failure of the pleasure principle), a failure of the repressed that is manifested by its return.

“The little girl’s substitutive imaginings (repression) can only become conscious under the guise of a painful punishment”; this is an attempt to re-bind the body to a signifying sanction, of which pain will constitute the mark, as a cover, an envelope. The girl is confronted by real jouissance, shapeless in her own body, without the help of a penile compass to orient her drive.[4] She must invent her own.

The imaginary of the girl cannot take hold on her body; there is really no organ that will do. For example, Marie Bonaparte tried in vain to find a condenser of jouissance on the female body, that it might limit and protect a woman from devastation. Helene Deutsch calls this “non-acceptance of the real object”.

For Deutsch, “Masochistic tendencies do not manifest themselves as obscure and unconscious premonitions, but as precise imaginings in contact with reality”.[5]  She gives importance to their fantasmatic character. Directly involving the body, “they are nevertheless not as dangerous as other perverse, masochistic imaginings”.

She thus very clearly establishes the difference with perversion. “If the imaginings were directly satisfied they would lead directly to perversion, which is extremely rare for women.”

“When we do encounter it” she adds, “it consists of the desire to be beaten.” Indeed, in the cases she describes, the bodies of these women do not seem to sustain any division, any devastation, any signification of pain, nor any pleasure, she says. Instead, the pain seems to be completely disconnected from the jouissance. “They had no sensation of pleasure when they were beaten.”[6]  From these she distinguishes those women who offered themselves as “love sacrifices” to their sadistic lovers. Here she is more likely indicating the register of psychosis. Yet she justifiably points out in these examples the symptomatic value of what she calls masochistic desire, which in this case will be satisfied in another way, by a detour, she says. In other words, by the choice of a sadistic love object and indulgence in perversion, given that direct satisfaction is refused. She doesn’t enjoy it, she is enjoyed; it is the sacrifice of a not-all jouissance to an uncastrated absolute Master. 

In what she calls feminine masochism, on the other hand, it is more a question of division at the level of the body itself as well as a return of the repressed, and not therefore of the denial of the castration of the Other. It is a masochism, she says, that is “not devoid of sexual meaning”.

She locates the cause in the obscure fluctuations of sexual excitation which are imprecise, not genitally localised, and which at puberty come up against pressing social entreaties.  A state of anxiety follows these “idealist-narcissist demands” on which are built “masochistic imaginings”.[7]

Thus feminine masochism, at first considered to be a natural tendency, is now seen as a “result” of the tension between non-homogenous “opposing” forces. Their strangeness and monotony are already indicators, to Helene Deutsch, of the ineffaceable pulsionality that organises them. The best way to reach them, she says, is through psychoanalysis, where they can be unveiled; the sexual act’s profound roots make it inaccessible to any purely intellectual treatment. The defenders of Ego Psychology could have taken note of this!

then gives us some precious clinical indications with regards to psychoses. In the cases where the woman adopts a position of refuse, the Ideal Ego repudiates all sexual liberty, including the freedom to imagine; hence the lack of capacity for fantasmatic constructions. Their own imaginings, as she calls them, come back to the subject as insults or self-reproach. There is no possible dialectic or contradiction.

The love of the father, in the cases where one girl is preferred over the others (which was in fact the case of Helene Deutsch), favours feminine division, leading to the relaying of the mother’s body to the father. This is a way for the girl to consider herself protected in her division, pushing her headlong towards the idea of ideal love.[8] But she also points out the disadvantages: a lack of mourning due to this privileged position with her father would be the cause of certain feminine self-deceptions, seen in, for example, those dupes of the father who give themselves to anyone, believing anything they are told.

On the other hand, she attributes to the “non-dupes of the father” those women who frequent, without contradiction, the coded world of prostitution without any moral shame, while cynically denouncing their inability to overcome the unfairness of their division.

Finally, Helene Deutsch problematises the question of feminine masochism by introducing female subjects grappling with acquired, and not innate, psychic conflicts.[9]

Concerning what she calls “the masochistic love bond”, however, it seems to me that we must be careful to question her hasty equation: heroism – need to do away with oneself. She mentions a case of a woman who leaves her husband when he was imprisoned. The woman then marries a rich man who gives her everything she wants: a pleasant life, a position in society, a child, only to leave him as well when her first husband, now free, becomes furious with her for having abandoned him. Knowing full well that he will not give her what she wants, she remarries him. She says she is satisfied and regrets nothing. It appears that this case highlights the difference between being and having for a woman: What exactly was the trade-off? What is that thing beyond having, that is of such great importance to a woman?[10]

The second case, a woman “subjugated by a partner who beats her continuously”, raises for us the following question: Is it only the sadistic Master who can respond to certain women’s necessarily imperative demand for love? In what way is a man a “partner of devastation” for a woman?

From a clinical point of view this is an important question, for Helene Deutsch’s case testimonies show that behind these requests for social assistance there is not necessarily a psychic suffering or disatisfaction, as we would normally understand it.

In the cases she describes, Helene Deutsch pinpoints the vitality and efficiency of certain feminine psychological processes that cannot be reduced to the position of an object of refuse.

Moreover, she in no way equates the feminine subject’s and the masculine subject’s recourse to masochism. Contrary to the man’s version, feminine masochism is sexualised from the start; it is implicated in the erotic bond to the partner, which is not the case for men.

r women her own body is immediately put at stake in relation to a partner. Masculine masochism, on the other hand, is more of a moral order, the erotic feminine character being of secondary importance. To clarify this she turns to the register of neuroses!

The question of feminine masochism thus appears for Helene Deutsch to be indissolubly related to the neuroses, and therefore to the question of every woman’s unconscious political choice to establish a social bond with her body.

In conclusion, the subject of woman’s sublimation, which she also brings up, deserves in and of itself a discussion that would not restrict it to the field of great causes, great destinies, or great works. Instead it seems to me important to locate its fundamental function in every subject’s construction of reality, as well as in the feminine subject’s declinations. I will stop here, and just say that a good place to start this debate might be around women artists’ role in contemporary art (a role to be precisely discerned, beyond the success of their creations).

Translated by Pamela King

NOTES
[1] The notion of “excess” (L’excédent), precisely formalised in Civilization and its Discontents, and from which Lacan organised his earliest teachings, greatly helped to clarify my reading of Helene Deutsch. Also helpful have been Jacques-Alain Miller’s latest elaborations on Lacan’s Seminar XX in his class “Orientation lacanienne” concerning the necessity of a ‘sinthomatic’ articulation for every subject between the three different and scattered registers (R S I ). In his class XI, “On the Nature of Semblants”, JAM reminds us that « inside a shapeless and open protuberance that seems to hang on the real point of a triangle whose points are named respectively I, S, R. » lies the letter J for jouissance of the pleasure principle, already evoked by Freud in Analysis Terminable and Interminable
[2] Deutsch H., “Feminine Masochism”, The Psychology of Women, vol. I, chapter VII, Oxford, Grune and Stratton 1945, p. 210.
[3] Ibid., p.221.
[4] Ibid., p.223.
[5] Ibid., p.220.
[6] Ibid., p.222.
[7] Ibid., p.223.
[8] Ibid., p.225.
[9] Ibid., p.227.
[10] Ibid., p.231.

CONGRÈS NLS VIII / VIII NLS CONGRESS
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTION
INFORMATION AND REGISTRATION
www.amp-nls.org