VERS LE VII CONGRÈS DE L’AMP – BIBLIOGRAPHIE RAISONÉE No. 4
TOWARDS THE VII CONGRESS OF THE WAP – ANNOTATED BIBLIOGRAPHY No. 4
Le symptôme mis à nu par ses semblants
Dalila Arpin
Dalila Arpin choisit une citation du Séminaire Encore pour interroger les rapports entre vérité, semblant et jouissance. Elle souligne ici la fonction de l’objet (a) comme semblant opératoire qui permet de toucher au réel par son "bord de semblant". Même si la jouissance est incurable, il s’agit de faire émerger la varité du sujet pour qu’il cesse de faire exister le rapport sexuel, et en vienne à "s’inventer un sinthome". M.H.B.
"Autre chose encore nous ligote quant à ce qu’il en est de la vérité, c’est que la jouissance est une limite. Cela tient à la structure même qu’évoquaient, au temps où je les ai construits pour vous, mes quadripodes - la jouissance ne s’interpelle, ne s’évoque, ne se traque, ne s’élabore qu’à partir d’un semblant." (1)
Avant même l’introduction du nœud borroméen, cette phrase de Lacan noue semblant, jouissance et signifiant. Un peu auparavant, Lacan avait avancé que ce qui nous ligotait, en premier lieu, à la vérité, c’était son statut de mi-dire. Le terme de "vérité", d’origine juridique, met en relief que, dans les procès, c’est la jouissance du témoin qui est visée, lorsqu’il est prié de dire "toute la vérité, rien que la vérité".
Limite de la jouissance par l’effet des discours, c’est le point par lequel on est ligoté à la vérité par un deuxième tour de corde. "Cela tient à la structure", dit Lacan des quatre discours qu’il introduisit deux ans plus tôt. Loin d’être considérés comme de vaines paroles, ces discours tiennent compte de la place de la jouissance. Mais de quelle manière ?
Dans chacun des quatre discours de Lacan, un élément prend la place du semblant, ce qui donne son nom à chaque discours. C’est donc ce semblant qui a pour fonction d’interpeller la jouissance, de la traquer, de l’évoquer. Si, chez le premier Lacan, le semblant était un mixte de symbolique et d’imaginaire opposé au réel (2), dans son tout dernier enseignement, c’est "l’affinité du a à son enveloppe" (3) qui permet de toucher au réel par un "bord de semblant" (4).
Si "la jouissance ne s’interpelle qu’à partir d’un semblant", c’est dire que l’analyste se sert de ces semblants pour dégager le mode de jouir du sujet. Il s’agit d’une véritable "dialectique du sens et de la jouissance", qui permet "non pas de gommer le semblant, mais de le récupérer" (5). À l’opposé du juridique, la psychanalyse obtient l’émergence de la vérité par d’autres moyens que l’aveu, car elle nous apprend que la jouissance, foncièrement inavouable, est incurable (6).
Si le "partenaire semblant" est l’envers du "partenaire symptôme" (7), Lacan nous enseigne que le symptôme mis à nu par les semblants fait émerger la "varité" (8) du sujet. C’est le seul moyen d’arrêter de produire des semblants du rapport sexuel (9) et de s’inventer un sinthome.
1) Lacan J., Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil, 1975, p. 85.
2) Miller J.-A., L’Orientation lacanienne, "De la nature des semblants", Cours 1991-92, inédit.
3) Lacan J., op. cit., p. 85.
4) Miller J.-A., "Semblants et sinthome", La Cause Freudienne n° 69, p. 131.
5) Ibidem.
6) Ibidem.
7) Miller J.-A., "Le partenaire-symptôme", ( 1997-1998), cours du 17 décembre 1997, inédit.
8) Lacan J., L’insu que sait de l’une bévue s’aile a mourre, (1976-1977), Ornicar ?, 17/18, Paris, Seuil, 1979.
9) Miller J.-A., "De la nature des semblants", Cours du 8 janvier 1992, inédit.
The symptom stripped bare by its semblants
Dalila Arpin
Dalila Arpin chooses a quotation from the Seminar Encore to question the relations between truth, semblant and jouissance. Here, she stresses the function of the object (a) as an operating semblant whose "border with the semblant" allows the real to be touched on. Even if jouissance is incurable, it is a question of getting the varity [varité] of the subject to emerge so that it stops making the sexual relation exist, and comes to "create itself a sinthome". M.-H. B.
"Yet another thing restrains (ligote) us regarding the status of truth: the fact that jouissance is a limit. This is related to the very structure that was evoked by my "quadripodes" at the time at which I constructed them for you – jouissance is questioned (s’interpelle), evoked, tracked, and elaborated only on the basis of a semblance" (1)
Even before the introduction of the Borromean knot Lacan’s sentence knots semblant, jouissance and signifier. A little earlier Lacan had put forward that what tied us up to truth was, in the first instance, its status of half-saying. The term ‘truth’ (of legal origin) stresses that, in the course of a trial, it is the jouissance of the witness that is aimed at when he is required to tell "the truth, the whole truth, nothing but the truth".
Limit of jouissance by effect of discourses, this is the point by which we are bound (ligote) to truth through a second turn of the cord. "This is due to the structure", said Lacan about the four discourses that he introduced two years earlier. Far from being considered as empty speech, these discourses take into account the place of jouissance. But in which way?
In each of Lacan’s four discourses an element takes the place of the semblant and gives its name to each discourse. It is thus the semblant that has the function of questioning jouissance, tracking it down, evoking it. Whereas, in the early Lacan, the semblant was a mix of symbolic and imaginary opposed to the real (2), in his last teaching it is the affinity of a to its envelope (3) that enables the real to be touched via an "edge of semblant"(4).
If "jouissance is only questioned from a semblant", then this means that the analyst uses these semblants in order to extract the subject’s mode of jouissance. It is a question of a true "dialectic of sense and jouissance" which allows the semblant "not to be erased but to be recuperated" (5). In contrast to the Law, psychoanalysis obtains the emergence of truth by other means than avowal. Psychoanalysis shows us that jouissance, basically unavowable, is incurable (6).
If the "partner-semblant’ is the reverse of the "partner-symptom" (7), Lacan teaches us that the symptom stripped bare by the semblants makes emerge the "varité" ("veriety": variety+verity) (8) of the subject. This is the only way to stop the production of semblants for the sexual relation (9) and to invent a sinthome for oneself.
[1] Lacan J., The Seminar, Book XX, Encore, Norton, 1998, p.92.
[2] Miller J.-A., L’Orientation lacanienne, "De la nature des semblants", Seminar 1991-92, unpublished.
[3] Lacan J., op. cit., p.93.
[4] Miller J.-A., "Semblants et sinthome", La Cause Freudienne n° 69, p.131.
[5] Ibidem.
[6] Ibidem.
[7] Miller J.-A., "Le partenaire-symptôme", (1997-1998), seminar of 17th December 1997, unpublished.
[8] Lacan J., L’insu que sait de l’une bévue s’aile a mourre, (1976-1977), Ornicar ?, 17/18, Paris, Seuil, 1979.
[9] Miller J.-A., "De la nature des semblants", seminar of 8th January 1992, unpublished.
Translated by Vincent Dachy for NLS Messager
Original first circulated on ECF Debats
Consult the website of the VIIth Congress of the WAP: http://www.congresoamp.com