Les amours douloureuses – Violaine ClĂ©ment
Pourquoi ne se rĂ©jouirait-on pas que le dĂ©funt ait existĂ©Â ? Nous croyons que les paysans noient dans des banquets une insensibilitĂ© prĂ©judicielle, alors quâils font bien autre chose, ils cĂ©lĂšbrent lâavĂšnement de celui qui a Ă©tĂ© Ă la sorte de gloire simple quâil mĂ©rite comme ayant Ă©tĂ© parmi nous simplement un vivant. Lâidentification Ă lâobjet du deuil, Freud lâa dĂ©signĂ©e sous ses modes nĂ©gatifs, mais nâoublions pas quâelle a aussi sa phase positive.
Lacan J., Le SĂ©minaire, livre X, Lâangoisse, texte Ă©tabli par J.-A. Miller, Paris, Points Seuil, 2004, p. 60.
Se rĂ©jouir que le dĂ©funt ait existĂ©, voici ce qui distingue assurĂ©ment le parlĂȘtre de lâanimal. En certains endroits du monde, les cĂ©rĂ©monies de funĂ©railles se terminent souvent par des fĂȘtes quâon pourrait qualifier de paĂŻennes : on boit, on chante, on danse aussi. Câest une façon de rester ensemble du cĂŽtĂ© des vivants et de ne pas tomber dans le trou de la mort avec celui qui serait dorĂ©navant sĂ©parĂ©. Une façon de se rappeler tout ce quâil a Ă©tĂ©, quâil ne sera plus, sinon Ă travers nous, tant que nous garderons vivant son souvenir.
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