Deuils et ruptures
Lieve Billiet
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Deuil et mélancolie  En 1915, Freud écrit : « Le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une personne aimée. […] L’épreuve de réalité a montré que l’objet aimé n’existe plus et édicte l’exigence de retirer toute la libido des liens qui la retiennent à cet objet. » Si ce processus est douloureux, il s’accomplit néanmoins spontanément, encore qu’il y ait des facteurs qui puissent le compliquer, telle l’ambivalence qui marque la relation d’amour dans la névrose obsessionnelle et la mélancolie. Lacan reviendra à plusieurs reprises sur cette analyse freudienne. Au « respect de la réalité », il opposera le « trou dans le réel », à « l’ambivalence et le vœu de mort » la « satisfaction due au mort et la douleur d’exister ».  Respect de la réalité, trou dans le réel  « Le sujet s’abîme dans le vertige de la douleur, […] le deuil, qui est une perte véritable, […] provoque pour lui un trou dans le réel. » Ce trou dans le réel offre « la place où se projette […] le signifiant manquant ». Ainsi « le deuil vient coïncider avec une béance essentielle, la béance symbolique majeure ». Si face à ce trou, l’endeuillé convoque souvenirs, signifiants et images, c’est qu’il fait preuve d’un manque dans le langage à répondre du trou. Ce signifiant manquant, « vous ne pouvez le payer que de votre chair et de votre sang », ajoutera Lacan.
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Amours monstres Rien de plus inhumain que l'amour
Thomas Van Rumst
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Au commencement de l’amour est la rencontre, une contingence. Ce qui suit cet instant n’est pas forcĂ©ment du mĂŞme ordre. La parole s’en mĂŞle et avec elle l’inconscient qui peut prendre forme de destin, de fantasme ou de dĂ©lire. Dans l’après-coup, on dira que c’était Ă©crit, dans le ciel des idĂ©es, depuis toujours ! Une nĂ©cessitĂ© s’en dĂ©duit alors. Or, cela ne suffit pas Ă rassurer chaque Un concernĂ©.  Que ce soit Ă©crit depuis toujours ne garantit pas que cela durera pour l’éternitĂ©. C’est pourquoi il faut le demander, encore et encore. L’amour demande de l’amour, et ce, sous forme de signe. « L’amour, certes, fait signe, et il est toujours rĂ©ciproque. […] C’est mĂŞme pour ça qu’on a inventĂ© l’inconscient – pour s’apercevoir que le dĂ©sir de l’homme, c’est le dĂ©sir de l’Autre, et que l’amour, si c’est lĂ une passion qui peut ĂŞtre l’ignorance du dĂ©sir, ne lui laisse pas moins toute sa portĂ©e. Quand on y regarde de plus près, on en voit les ravages. »  Ce qui y est ignorĂ©, passionnĂ©ment, c’est la dĂ©pendance, l’assujettissement du dĂ©sir de l’homme au dĂ©sir de l’Autre. « Aimer, c’est essentiellement, vouloir ĂŞtre aimĂ©. » C’est cette rĂ©ciprocitĂ© qui fait la spĂ©cificitĂ© de l’amour comme passion de l’être. Ce n’est que par le narcissisme que l’amour trouve sa satisfaction. Son vĂ©ritable objet, c’est le moi propre.
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"I can’t love myself as the Thing. Can I love the other in what makes up his jouissance, and precisely, in what is evil in it? When it comes to loving the other, jouissance is a problem." Â
Miller, J.-A., “The Love of One’s Neighbor: Saint Martin and Solomon”, The Lacanian Review, No 15, Paris, NLS, 2024, p. 47.
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Presentation of the Congress Theme / Présentation du thème du Congrès
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Les amours douloureuses
Painful Loves
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